Old Demons - Cassian 'nd Naya

Les premiers rayons du soleil perçaient derrière les hauteurs de la ville, alors que Naya tourna la poignée de l'appartement.

La douceur sucrée des cocktails coulant encore dans ses veines, elle entra le plus silencieusement possible, ses talons à la main.

Les derniers jours avaient été compliquées pour la brune. Après plusieurs entraînements quotidiens avec Cassian, les tensions qui la tourmentaient, commençaient à se calmer, son humeur s'améliorant par la même occasion. Pourtant, ces deux derniers jours, son colocataire n'avait pas eu le temps. Pas pour elle. Pris par ses rendez-vous, leurs entraînements avaient dû être annulé, un fois, puis deux, et la veille au soir, il lui avait dit qu'il y avait peu de chance que celui de ce samedi matin soit maintenue.

Les nerfs en pelote, elles avaient tournés en rond dans sa chambre alors que les deux garçons qui la logeait était absents. Un repas de "famille" avec Ryan et Freya. Elen était certainement présente. Mais Naya, elle, n'était pas conviée. Après tout, elle ne faisait pas parti de leur petit groupe. Elle aurait dû accepter et se plonger dans un livre, prendre un bain, se détendre. Pourtant, ses pensées tournaient en boucle, lui rappelant qu'elle n'était plus rien, qu'elle n'avait plus personne. Et que visiblement, ils ne voulaient vraiment plus d'elle.

Il était 23h quand elle avait fini par craquer. Fatiguée par son esprit en ébullition, elle avait fuit vers la solution de facilité. La solution qui avait été son quotidien pendant un an. Faible. Elle avait fini dans un bar peut recommandable du centre ville, endormant des peurs à coup de rhum aromatisé. Les heures passèrent et quelques verres disparurent calmant légèrement ses démons mais malgré tout, ils subsistaient, pas complétement endormis. Les avances d'un brun aux yeux verts et la promesse d'une nuit d'abandon la tenta. Mais quelque chose la retint. Elle savait très bien quoi. Mais elle refusa de l'admettre.

Elle préfèra oublier le monde sur une piste de danse, tourna, sautant, riant, se dépensant et vider son esprit d'une toute nouvelle manière. Puis, en rentrant, elle traina. Profitant de l'air frais et du calme de Fairview dans la nuit, l'odeur de citron et de jasmin que le printemps portaient. C'est seulement quand les premiers chants d'oiseaux s'élevèrent dans les airs que la jeune femme se décida à prendre le chemin de l'appartement.

Il n'y avait pas un bruit, tout était sombre, les garçons devaient dormir. Parfait. Elle déposa ses affaires dans l'entrée avant de rejoindre la cuisine. Elle attrapa un verre, ouvrit le robinet et le rempli avant de le porter à ses lèvres. Mais une voix chaude qu'elle connaissait bien désormais la fit sursauter, si bien qu'elle renversa la moitié de sa boisson sur elle.

Naya retient un juron, tirant sur le haut de sa robe, le tissu clair collant à sa peau. La voix de Cassian était calme, mais elle savait qu’il fallait se méfier de l’eau qui dort. Toute la sérénité qu'elle avait pu ressentir durant la soirée avait disparu.

Elle savait que maintenant qu’il l’avait surprise, Freya sera mise au courant de sa petite escapade nocturne. Elle pourrait tenter de le convaincre de ne rien dire, mais quel argument pouvait-elle bien avoir ? Pourquoi lui rendrait-il ce service ? Des idées tentatrices lui traversèrent l’esprit mais elle se reprit rapidement, les chassant loin. Mettant ces pensées sur le dos de l’alcool, elle grogna légèrement puis se retourna pour lui faire face, posant son regard dans le sien. Il lui fallut une poignée de seconde pour l’observer, jugeant de son attitude.

Quelque part, elle lui en voulait. Il n’avait pas été là ces derniers jours, et elle savait, même si cette idée la mettait hors d’elle, que c’était uniquement grâce à lui et à ses entrainements qu’elle réussissait à contenir sa colère. Son job à la bibliothèque l’aidait aussi un peu, mais visiblement, ce n’était pas suffisant. Alors elle lui ne voulait à lui. La part malsaine en elle hurlait que c’était sa faute à lui si elle était sortie ce soir, si elle avait bu. Parce qu’il n’avait pas été là. Et en même temps, elle refusait l’idée qu’elle puisse dépendre de lui. Elle aurait très bien pu aller courir seule ou trouver un autre moyen de se dépenser et de vider son esprit, pourtant, elle avait choisi la solution de facilité, et elle n’en pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Mais ça, elle ne l’entendait pas. Elle ne l’acceptait pas.

- Qu’est-ce que ça peut faire. Répliqua-t-elle, sèche, levant un sourcil avec cette arrogance collé sur le visage.

Elle appuya le bas de son dos contre le comptoir de la cuisine, ne détachant pas son regard de lui, portant de nouveau le verre d’eau à ses lèvres, sans en mettre partout cette fois.

- Je ne savais pas que tu devais aussi jouer les babysitters. Ajouta-t-elle en le toisant. Une casquette de plus, entraineur, colocataire, nounou...

Naya était vexée. Vexée par l’absence du blond, plus qu’elle n’était prête à l’admettre, et une vague déception d’elle-même commençait à poindre. Un cocktail qu’elle ne savait pas gérer et qui bien souvent résultait en un mur de brique autour d’elle et un besoin de piquer.

- Quel sage petit toutou tu fais. Ses lèvres s’étirèrent en un coin, soulignant son impertinence.

Voilà comment Naya gérait le monstre fait de colère et de mépris qui brûlait en son sein. Pour ne pas s’auto-détruire, elle le transformait en méchanceté et le tournait vers les autres. Mordre, faire mal, parce qu’elle a mal et qu’elle ne sait pas faire autrement. L'idée qu'il ait été dans ces pensées ce soir n'aidait pas.

Elle voit bien qu’elle a touché sa cible, une lueur qu’elle n’a encore jamais vue brille dans les yeux bleus de Cassian. Elle a fait mouche, pourtant, elle n’est pas contente.

Habituellement, quand elle sait qu’elle a fait mal, sur l’instant, elle ressent une espèce de satisfaction malsaine. Là, rien, au contraire. Elle s’en veut, elle se rend bien compte qu’elle est allée trop loin, et le maitrise dont le blond fait preuve lui confirme qu’il est une bien meilleur personne qu’elle.

Quand il s’approche, elle aurait aimé reculer, mais elle est contre le plan de travail de la cuisine et ne peut pas fuir. Elle pose ses deux mains sur le bois pour garder une certaine prestance. Elle a besoin de ce soutien car les mots de Cassian, eux aussi, font mouche et la touche plus qu’elle ne pourrait l’accepter. Il est si prêt. Trop prêt. Elle est obligée de lever les yeux pour continuer à le regarder fixement, tentant de ne pas faiblir. Il parle de ses conquêtes, il croit surement qu’elle a visité des draps inconnus cette nuit, sauf que non, puisqu’il était dans son esprit, mais ça, elle ne le dira pas.

- Compte sur moi. Répondit-elle, parce qu’elle était incapable de ne pas répliquer, comme si elle était toujours obligée d’avoir le dernier mot, mais cette fois, sa voix était moins froide, moins arrogante.

Sa proximité la perturbait. Elle pouvait sentir la chaleur qui émanait de son corps, son souffle caressait la peau de sa joue et tout son être était attiré vers lui, comme aimanté. Elle luttait pour ne pas détourner les yeux de ceux, si profond de son colocataire. Son cœur battait plus vite, elle le sentait mais elle refusait qu’il le voit, qu’il remarque l’effet qu’il avait sur elle. Il était là, immobile, maître de lui-même, alors qu’elle peinait à se contenir.  La tension qui les entourait depuis qu’elle vivait ici n’avait jamais été aussi forte qu’à cet instant. Elle ne savait même plus quoi dire.

- J’imagine que tu vas t’empresser de raconter ça à ma sœur. murmura-t-elle d’un ton neutre, de toute manière, il était si proche qu’elle pouvait entendre sa respiration. Vous n’étiez pas là, je pensais que vous ne remarqueriez même pas mon absence.

Et voilà qu’elle se justifiait, faible qu’elle était. Mordillant sa lèvre, elle finit par baisser les yeux, les faisant glisser sur le corps de Cass. Elle devait se ressaisir, et vite. Elle inspira et porta à nouveau son verre d’eau à sa bouche, frôlant le torse de son interlocuteur au passage.

Les mots de Cassian calmèrent l’angoisse qui se réveillait en elle. Elle avait fait une connerie, mais au moins, celle-ci n’aurait pas de répercussion.

Freya avait été clair. Plus de soirées en club, plus d’alcool, plus d’inconnus dans ses draps. Elle attendait d’elle une reprise en main complète et elle n’était pas la seule. Naya n’était pas dupe, elle savait que son autre sœur, Elen, était d’accord avec cette décision. Elle qui avait toujours été sa plus proche amie, son trésor, elle n’était pas venue la voir depuis des mois, fatiguée de son comportement irresponsable et usée par ses piques méchantes. Au fond, elle faisait tout cela dans l’espoir de la récupérer. Les récupérer. Même si elle ne s’en pensait pas encore digne. Elle avait un gros travail à faire sur elle-même avant. La preuve, elle avait sauté sur la première occasion de replonger.

Elle fut reconnaissante. Elle commençait à connaître Cassian, petit à petit, elle se rendait bien compte qu’il était quelqu’un de bien. Fondamentalement. Quelqu’un qui l’aidait malgré tout ce qu’elle avait pu faire cette dernière année et l’attitude qu’elle avait envers lui. Elle ne méritait pas son aide, elle le savait, et cela lui faisait mal. Mais elle n’avait pas d’autres choses que de l’accepter et de laisser les choses se faire.

Naya se voyait comme un monstre, dénuée de cœur, vide, malsaine. Comme s’il n’y avait rien de bon en elle et elle ne méritait pas la moindre miette de sentiments qu’on pourrait lui offrir. C’était pour cela qu’elle avait repoussé ses sœurs et leur nouvelle famille, et qu’elle repoussait Cassian par la même occasion. Il était quelqu’un de bon et elle refusait de prendre le risque d’être mauvaise pour lui, de faire réellement du mal. Ironique, à la vue de ses paroles acides qu’elle lui avait balancé au visage quelques minutes plus tôt seulement.

Elle voit l’impact qu’elle a sur lui. Elle voit qu’il n’est pas indifférent, mais comme elle, il lutte. Il veut très certainement ne rien avoir à faire avec une fille qui offrait son corps à de parfaits inconnus chaque nuit il y a encore quelques semaines. Elle devrait s’éloigner de lui, redevenir froide, méchante, distante, et comme ça, il n’y aurait pas le moindre risque.

- Merci. fini-t-elle par dire quand il s’éloigna d’elle. Elle savait que mentir à ses proches, ou même juste leur cacher des choses, n’étaient pas dans ses habitudes. Elle l’avait compris très tôt.

Le temps reprit, comme si le fait qu’il ne soit plus tout proche créait un vide, un manque. Elle en frissonna et le suivit du regard tandis qu’il se rendait vers le frigo. Elle ne savait pas quoi faire de toutes ces pensées parfois logiques, parfois contradictoires. Sa tête, c’était un sacré merdier mais pour l’instant, l’alcool coulant encore un peu dans son sang et la tension palpable qui vibrait entre eux faisait en sorte que son esprit reste apaisée, calme, que le monstre dorme encore pendant quelque temps dans ses ténèbres.

Elle se tourna dans un geste fluide et se mit sur la pointe des pieds pour ouvrir le placard du haut, sa robe pâle en satin remontant légèrement sur ses cuisses. Elle attrapa la boîte de céréale que Cassian mangeait au petit déjeuner. Observatrice, elle commençait à connaître ses habitudes, à lui comme celle que Az, leur autre colocataire. Elle la déposa sur le comptoir, puis s’approcha de la machine à café pour s’en servir un, long et noir, histoire de la tenir éveillée encore quelques temps.

- C’était bien, hier soir ? demanda-t-elle sans le regarder. C’était certainement la première fois qu’elle entamait vraiment une conversation avec lui et elle n’était pas du tout à l’aise dans ce rôle mais elle voulait chasser le silence qui ne faisait qu’attiser l’attraction qui les liait.  

Elle l’observe du coin de l’œil tandis qu’il s’éloigne vers le salon, son café coulant dans un vacarme agréable. Il couvrait le bruit de ses pensées fautives, calmant la tension qui l’agitait.

C’est vrai, elle se serait probablement ennuyée à cette soirée, voir pire, elle aurait pu faire n’importe quoi. Être témoin de la nouvelle vie de Freya aurait pu lui mettre les nerfs à vif. Jalousie ? Certainement, elle avait réussi à obtenir ce bonheur en étant loin d’elle et elle, elle n’aurait certainement jamais le droit à ce genre de vie parfaite, elle avait bien trop de noirceur derrière elle. Et puis, elle aurait aussi eu peur de tout gâcher. Comme elle l’avait toujours fait. Elle n’était pas capable d’avoir une place dans ce tableau. Et même si un tout petit espoir brillait en elle quand à cette idée, ces doutes et ses angoisses étaient bien plus forts.

Elle attrapa son café brulant et rejoignis le salon. Elle s’installa sur l’accoudoir du canapé, face à lui, veillant à garder une certaine distance entre eux cette fois-ci.

- Ça devait tout de même être plus passionnant que ma soirée. Lança-t-elle avant de se mettre à souffler sur son breuvage noir, les yeux relevés vers Cassian pour observer sa réaction.

Maintenant que l’alcool s’évaporait, elle commençait à avoir froid et sa peau se hérissa tandis qu’elle croisait ses longues jambes, fines, trop fines. Elle avait encore besoin d’entrainement pour retrouver son corps d’avant. Et de repas plus copieux aussi.

Elle savait qu’en faisant allusion à sa propre soirée, elle avait des chances d’attiser la curiosité de Cassian mais aussi, et surtout, maintenant que sa culpabilité était retombée, elle se sentait d’humeur… joueuse. La malice brillait dans ses yeux quand elle porta son café à ses lèvres. Elle avait conscience qu’il n’était pas complètement insensible à elle, même s’il semblait ne pas en vouloir plus. Lui avait un effet dingue sur elle, bien trop présent, bien trop fort. Il fallait qu’elle sache s’il en était de même pour lui. Pourquoi ? Bonne question. Histoire de fierté peut-être.  

- Enfin, ça dépend des moments, j'ai passé la soirée en charmante compagnie Ajouta-t-elle un faux air songeur sur le visage.
Il savait tout de son année de débauche, Freya lui avait donné toutes les informations dont il avait besoin pour la cerner. Elle avait espoir que cette remarque attiserait sa curiosité et pourquoi pas sa jalousie.

Quant Cassian manque de s’étouffer en réaction à son petit mensonge, elle doit mordre sa lèvre inférieure avec force pour se retenir de sourire.

Un petit quelque chose en elle se mit à briller au milieu de ses ténèbres. Elle ne savait pas ce que c’était mais elle devait l’admettre, elle adorait cette sensation aussi fugace soit elle.  Cachée derrière son mug fumant, elle réussit à camoufler son air malicieux, observant son colocataire avec attention. Sa réflexion rendit les choses encore plus difficiles pour elle et elle s’empressa de prendre une nouvelle gorgée de café pour tenter de garder son amusement pour elle.

- Oh je sais bien ça, Cassian. Répondit-elle avec voix mielleuse en marquant son prénom. Mais là, il n’était pas question de cela.

Le coin de ses lèvres s’étira légèrement tandis qu’elle posait ses yeux dans le bleu de ceux du boxeur pour jauger la moindre des ses réactions, cherchant à la percer à jour. Aussi loin qu’elle se souvienne, elle n’avait jamais été aussi attirée par un homme. Avant l’incident avec son père, elle avait eu quelques histoires, mais rien qui soit assez important pour la marquer. Et puis durant l’année qui venait de s’écouler, elle avait, certes, voyager de lits en lits avec de parfaits inconnus mais l’alcool diluait tellement son sang qu’elle n’en gardait que de très rares souvenirs et ceux qui lui revenait parfois en mémoire était très loin d’être mémorable. Le sexe n’avait été qu’un exutoire malsain et aujourd’hui qu’elle n’était plus dans ce tourbillon, l’idée avoir offert son corps à tant d’hommes lui donnait la nausée. Malgré tout, l’idée des mains sur Cassian sur elle, ses lèvres sur sa peau, lui réchauffait le corps tout entier. Et elle le savait, si un jour cela devait arriver, elle voudrait être totalement sobre pour en mémoriser chaque seconde.

- Je crois que je me suis fait une amie. Termina-t-elle avant de se relever pour rejoindre la cuisine. Elle ouvrit un placard, restant toujours dans le champ de vision du blond. Dos à lui, elle attrapa un sachet de papier blanc et en sorti une tranche de brioche, puis rangea le reste.

- J’ai juste dansé toute la nuit, rien de plus.

Elle déchira un morceau de sa pâtisserie pour le manger, s’asseyant sur le plan de travail, à une distance raisonnable de Cass.

- Tu pourras jouer les chaperons la prochaine fois, si tu veux.

Elle gringota sa tranche de brioche en le suivant du regard, il était silencieux mais son corps et ses yeux parlaient pour lui, cette flamme d’un bleu sombre qui brûlait dans ses iris, elle savait qu’il faisait écho à celle mordoré qui illuminait les siens.

Des sentiments contradictoires l’habitaient. Elle ferait mieux de s’éloigner, de stopper son petit jeu. Cassian était tout le contraire des hommes qu’elle avait connu et son attache envers lui, même si elle refusait de l’admettre, était bien plus forte. Il était là pour elle, alors même qu’elle était horrible avec lui et avec son entourage. Il ne savait rien de ce qu’elle avait pu faire à NY mais s’il savait, il la verrait réellement telle qu’elle était : un monstre. En bref, elle ferait mieux de s’écarter et redevenir la froideur même, portant sa carapace devenue seconde peau.

Sauf qu’il la voit. Il la regarde réellement, il sent les ténèbres qui bouillonnent en elle, mais pour une raison qui lui échappe, il n’a pas peur d’elle. Son regard s’enroulait autour d’elle, la réchauffant comme aucun autre ne l’avait jamais fait. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire que ses lèvres sur les siennes seraient un feu ardent et que ses mains l’enflammeraient tout entière.

A sa réponse, elle laissa ses lèvres s’étirer en un véritable sourire, un sourire plein de promesses. Elle sentit ses doigts près des siens, ravivant la tension qui l’attirait à lui. Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle glissa son petit doigt lentement sur la peau de Cassian et se pencha vers lui pour lui répondre.

- Dommage, tu ne sais pas ce que tu rates. Sa voix est douce comme une caresse, elle ne quitte pas ses yeux des siens, un air de défi brillant à l’intérieur.

Elle était si près qu’elle sentait son souffle sur ses lèvres. Tout son corps était attiré vers lui. Il aurait suffi d’un seul mouvement en avant… Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, vacarme remplissant ses oreilles quand la bruit de la porte de chambre de Az grinça.
D’un geste brusque, elle se recula et se détourna de lui, mettant le plus de distance possible entre eux. Frustration. Remords. Un mélange toxique.

- Je veux bien aller m’entrainer. Mais là, j’ai besoin d’une douche.
Elle n’en dit pas plus, passa devant Az sans même lui adresser un regard et rejoignis sa chambre. Froide, la douche. Très froide. Elle ferma la porte à double tour et fonça dans la salle de bain, alluma l’eau et pris tout juste le temps de se déshabiller pour se jeter sous le jet glacé.


Plusieurs longues minutes plus tard, elle ressorti de sa chambre, ayant réussi à calmer l’ouragan en elle. Elle avait revêtu sa tenue de sport et attaché ses cheveux au sommet de son crâne.

- Je suis prête. Lança-t-elle sans même savoir où Cassian se trouvait dans l’appartement tandis qu’elle chaussait ses baskets.

L’eau froide ruisselant sur sa peau, les yeux clos, les cheveux trempés, elle est adossée au mur carrelé, le bouillon de ses pensées refusant de s’apaiser.

Elle pouvait encore sentir l’endroit exact où ses doigts avaient enserrés sa cuisse, leur force. Cette emprise qui avait fait rater un battement à son cœur, déjà perdu dans sa course folle. Ses lèvres si près des siennes, son odeur qui l’entourait, son regard enflammé, à une fraction de seconde d’oublier le reste du monde. La brune leva son visage vers le jet, se concentra sur sa respiration.

5 secondes. Longue inspiration. Elle bloqua. Et puis quoi. Et s’ils avaient céder ? Le monde ne se serait pas effondré. Le sexe pouvait s’avérer n’être qu’un plaisir charnel, sans sentiment, sans attache. Peut-être qu’une fois après avoir partagé ses draps, cette tension disparaitrait. Il suffisait d’y céder une fois pour le savoir. Purement physique.

5 secondes. Longue expiration. En était-elle capable ? Lui ouvrir son lit, sans ouvrir ne serait-ce qu’un tout petit peu son cœur ? Cassian n’était pas un vulgaire inconnu qu’elle aurait croisé dans un bar. Elle savait très bien que si elle entrouvrait simplement la porte de ses sentiments, elle serait submergée par ce raz de marée d’émotions, celui qu’elle refoulait depuis si longtemps, celui qu’elle gardait bien en sécurité derrière la carapace de métal qui entourait son âme. Elle était incapable de l’imaginer.

Après plusieurs longues respirations méditatives, claquant des dents, gelée, elle coupa l’eau et sortit de la douche.


Elle suivit Cassian à l’extérieur sans un regard pour lui, sans un bruit. Finalement, elle aurait peut-être mieux fait de décliner cette invitation à boxer. Peut-être que prendre un peu de distance avec lui était une bonne idée. Elle marchait derrière lui, silencieuse, chassant le flot de ses pensées. Il n’était qu’une fichue distraction, il fallait qu’elle se concentre sur elle, sur ce qu’elle essayait de faire en reprenant sa vie en main pourtant, elle avait l’impression que ces deux choses étaient… liées.

Une fois dans la salle, il lui donna les bandes qu’elle mit sans difficulté. Elle s’était entrainée à plusieurs reprises jusqu’à pouvoir le faire les yeux fermés. Naya n’aimait pas l’échec, c’était dans sa nature. Après avoir resserré l’attache de ses cheveux, elle releva les yeux vers le blond tandis qu’il installait le sac. Il avait l’air pensif, distant. Ca la perturbait même si ce n’était certainement pas plus mal. Elle n’avait pas envie de taper dans le sac, elle aurait préféré autre chose, elle savait que s’il faisait ça, il ne la regarderait pas. Il l’éviterait autant que possible.

- On pourrait changer pour une fois non ?

Sa voix brisa le silence tandis qu’elle désignait les pattes d’ours déposés sur le côté du ring. Son visage était neutre, elle tentait de ne rien laissé paraître même s’ils étaient tous deux conscient que l’épisode de la cuisine occupaient l’esprit de l’un comme de l’autre.

Naya se mit en position face au blond après être monté sur le ring. Elle n'avait jamais été face à lui et même si c'était son idée, elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle était supposé faire.

Là, debout, elle se sentait toute petite et son coeur tapait dans sa poitrine bien trop vite alors qu'elle n'avait pas encore fait le moindre effort. Elle pris une longue inspiration, ne quittant pas son regard océan. Elle tentait d'entrer dans sa tête, de lire dans ses pupilles ce qu'il pouvait bien ressentir à ce moment-là. Elle pouvait encore voir l'étincelle qui avait brillé plus tôt quand leur lèvres avaient failli de rencontrer. Une flamme qui brûlait encore en elle, elle pouvait la sentir, discrète, n'attendant qu'un signe pour s'enflammer. Mais elle remarqua aussi que Cassian semblait vouloir garder ses distances. Tout comme elle, quelque chose le retenait sans qu'elle en connaisse la raison.

Surtout qu'elle ne pouvait pas être la même que la sienne. Si elle ne se laissait pas glisser dans les draps du blond, alors qu'elle en brûlait d'envie, c'était uniquement parce qu'elle refusait de s'ouvrir, ne serait-ce qu'un tout petit peu, de peur de se retrouver enseveli sous ses sentiments et se noyer. Il y a avait tellement de regrets, de rancœurs et de colère en elle, qu'elle se sentait incapable d'en gérer autant à la fois sans se briser.

Et puis il y avait cette fichu voix qui lui disait qu'elle ne pourrait rien apporter de bien à cet homme, foncièrement bon. Il jouait les durs, les matchos même parfois, mais elle voyait clair en lui. Il avait un amour immense pour les siens et un besoin impériale de les protéger quoi qu'il arrive. Parfois trop, mais on pardonne toujours à celui qui fait les choses avec le coeur. Naya, elle, elle était tout l'opposé. Quand elle se regardait dans le miroir, elle ne voyait qu'une égoïste qui avait laissé sa petite soeur nourrir sa famille sans rien faire pour l'aider, une sorcière froide qui ne faisait que balancer des méchancetés pour vider son coeur noir, une personne qui n'avait pas été capable de faire les choses correctement et qui par sa simple existence, avait couté la vie à son père. Un monstre, voilà tout ce qu'elle était et ce démon ne pouvait rien apporté de bon à Cassian. Rien.

Ses pensées assombrissant son esprit, elle expira, refermant la porte de son âme et elle se mit à frapper. Visant les pattes d'ours, elle tapa, encore et encore, se concentrant sur sa position, sur son gainage, et sa respiration, mettant toute sa force dans ses bras, dans ses poings, cherchant à faire sortir d'elle cette lourdeur qui pesait sur son coeur. Silencieuse, elle exécuta les mouvements qu'il lui avait appris ces derniers jours, se répétant ses conseils, s'enfermant dans une bulle.

La brûlure de ses lèvres sur les siennes. Elle chavire. Elle l’a vu approché, elle a vu dans son regard cette demande silencieuse et elle n’a pas bougé, elle l’a laissé faire et se délecte de cette caresse interdite. 

Sa peau vibre encore à l’endroit où ses doigts se sont promenés, oubliant l’univers qui les entoure. Pendant ces secondes, rien n’existe plus autour d’eux en dehors de cette délicieuse sensation de chaleur qui irradie dans son bas ventre. Cette vague de plaisir, exactement comme elle l’avait imaginé, si différente de ce que les autres avaient pu lui faire ressentir par le passé. Unique.

Elle presse ses lèvres, désireuse d’avoir plus, lui rendant ce baiser, lui confirmant qu’elle en mourrait d’envie, elle aussi. Un instant hors du temps durant lequel plus aucun doute ni aucune peur n’existe. Elle entre-ouvre les lèvres, presse son corps contre le sien, cherche sa langue de la sienne, ravivant la flamme du désir qui danse en elle.

Mais les démons ne sont jamais loin et même cet instant langoureux est ce qu’elle a connu de plus plaisant, elle sent ses sentiments bouillirent en elle, menaçant de faire céder son bouclier. Sa conscience qui lui dit qu’elle commet une erreur, qu’elle ne mérite pas ces sensations, ce paradis. Et que lui mérite bien plus qu’elle. Bien plus que ce corps qui a vécu trop de choses, vu trop d’autres corps. Elle n’est pas faite pour lui, même si lui serait une si bonne chose pour elle et bien qu’elle brûle d’envie d’aller plus loin, que son corps tout entier ne demande que cela, quelque chose la retient, la tire vers l’arrière, l’éloigne du blond comme une déchirure.

Elle fait un pas en arrière, détachant ses lèvres, lâchant sa main, rompant ce contact si délicieux. Elle porte ses doigts sur sa bouche qui manque déjà de cette chaleur, si nue loin de celle de Cassian. Déchirer entre l’envie de lui sauter dessus et d’oublier le monde et cette voix qui lui dit qu’elle ne mérite pas cet homme. Elle relève les yeux vers ceux du blond et fouille en elle une réponse. Que doit-elle faire ? Elle n’en sait rien. Elle est perdue. Freya va être folle. Ryan aussi, lui qui la méprise tant. Elle tente de trouver dans ces yeux bleus une réponse à sa question silencieuse, mais le désir qu’elle lit dans ce regard fait écho au sien, ardent.

Prise de vertige, elle ouvre la bouche pour s’excuser mais rien ne sort. Elle se contente de baisser les yeux, se détourner et fuir à toute vitesse, sortant de la salle sans se retourner.

La brûlure de ses lèvres sur les siennes. Elle chavire. Elle l’a vu approché, elle a vu dans son regard cette demande silencieuse et elle n’a pas bougé, elle l’a laissé faire et se délecte de cette caresse interdite. 

Sa peau vibre encore à l’endroit où ses doigts se sont promenés, oubliant l’univers qui les entoure. Pendant ces secondes, rien n’existe plus autour d’eux en dehors de cette délicieuse sensation de chaleur qui irradie dans son bas ventre. Cette vague de plaisir, exactement comme elle l’avait imaginé, si différente de ce que les autres avaient pu lui faire ressentir par le passé. Unique.

Elle presse ses lèvres, désireuse d’avoir plus, lui rendant ce baiser, lui confirmant qu’elle en mourrait d’envie, elle aussi. Un instant hors du temps durant lequel plus aucun doute ni aucune peur n’existe. Elle entre-ouvre les lèvres, presse son corps contre le sien, cherche sa langue de la sienne, ravivant la flamme du désir qui danse en elle.

Mais les démons ne sont jamais loin et même cet instant langoureux est ce qu’elle a connu de plus plaisant, elle sent ses sentiments bouillirent en elle, menaçant de faire céder son bouclier. Sa conscience qui lui dit qu’elle commet une erreur, qu’elle ne mérite pas ces sensations, ce paradis. Et que lui mérite bien plus qu’elle. Bien plus que ce corps qui a vécu trop de choses, vu trop d’autres corps. Elle n’est pas faite pour lui, même si lui serait une si bonne chose pour elle et bien qu’elle brûle d’envie d’aller plus loin, que son corps tout entier ne demande que cela, quelque chose la retient, la tire vers l’arrière, l’éloigne du blond comme une déchirure.

Elle fait un pas en arrière, détachant ses lèvres, lâchant sa main, rompant ce contact si délicieux. Elle porte ses doigts sur sa bouche qui manque déjà de cette chaleur, si nue loin de celle de Cassian. Déchirer entre l’envie de lui sauter dessus et d’oublier le monde et cette voix qui lui dit qu’elle ne mérite pas cet homme. Elle relève les yeux vers ceux du blond et fouille en elle une réponse. Que doit-elle faire ? Elle n’en sait rien. Elle est perdue. Freya va être folle. Ryan aussi, lui qui la méprise tant. Elle tente de trouver dans ces yeux bleus une réponse à sa question silencieuse, mais le désir qu’elle lit dans ce regard fait écho au sien, ardent.

Prise de vertige, elle ouvre la bouche pour s’excuser mais rien ne sort. Elle se contente de baisser les yeux, se détourner et fuir à toute vitesse, sortant de la salle sans se retourner.